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LA BELLISSIMA uand on évoque la tomate chez nous, on serait tenté de parler de la « Belle Italienne », tant la cuisine transalpine a su mettre la « pomme d’or » (pomodoro en italien) à toutes les sauces. Pourtant c’est un peu abusif, car dans les faits la tomate est mondiale à plusieurs titres. Sur le plan historique tout d’abord. La to- mate que l’on connaît aujourd’hui est née au Mexique sur les terres aztèques (région de l'actuel Mexico) et se nomme Tomatlen Nahuatl (la langue aztèque). Ce nom est à rapprocher d’un autre nom du même lan- gage : Xocoatl, boisson sacrée à base de fèves de cacao fermentées qui a donné son nom au chocolat. Beaucoup de ces aliments cou- rants de nos jours sur les tables européennes, ont été découverts et rapportés au XVI‘ siècle, du Nouveau Monde par les conquis- tadores. Le cacao, le maïs, la pomme de terre, les haricots, le piment, la vanille. et la tomate. Les troupes de Cortés étaient avides d'or et ont rapporté la « pomme d'or » pour- tant longtemps considérée comme toxique, car les feuilles des solanacées chargées de solanine le sont (la pomme de terre et la tomate sont des solanacées). La tomate sert alors de plante d'ornement avant que l’on en consomme les fruits au xvrni' siècle. En France, ce sont les Provençaux qui à l'exemple des Napolitains l'intègrent dans leur cuisine, et les Marseillais montés à Paris en 1790 pour la Fête de la Fédération (15 anniversaire de la prise de la Bastille) apportent des tomates dans leurs besaces. Il est amusant de noter qu’il existe donc un lien fort entre notre hymne national «La Marseillaise » (qui verra le jour deux ans plus tard) et la tomate provençale. Mais c’est en Italie, après l'Espagne, que la tomate trouve sa terre d'élection en Europe. L'Italie, qui reste à ce jour le premier pays produc- teur en Europe et le premier utilisateur du « fruit-légume » en inventant la sauce tomate qui est largement consommée sur la pasta et la pizza. Pourtant la tomate n’aurait pas connu ce succès mondial si le voyage de retour vers l'Amérique ne s'était pas produit. Pas la même que celle des origines, mais pas loin, l'Amérique du Nord, les États-Uni: Au soir du xix° siècle et à l’aube du xx‘, ce sont plus de 4 millions d’Italiens qui émigrent vers les USA, emportant avec eux leurs coutumes et leur cuisine. La sauce tomate y tient une place importante et ES - bientôt la pizza séduira toutes les autres communautés immigrées jusqu’à devenir un des symboles de l'Amérique à table avec le hamburger. Depuis son pays d'adoption, la tomate repart à la conquête du monde sous forme de ketchup, de soupe en boîte ou de sauce à pizza. Elle est désormais pro- duite sur les cinq continents aux côtés de sa cousine la pomme de terre trois à quatre fois plus produite. Cette belle Mexicaine, naturalisée Espagnole, puis Italienne, deve- nue par adoption une belle Américaine est en passe de devenir une belle Chinoise ou une belle Indienne (les deux premiers pays producteurs aujourd’hui), voire une belle Turque car ils détiennent le record de consommation avec une centaine de kilos par an par habitant. Pourtant, rendons à César ce qui lui appartient, avec ses deux AOP, Pomodorino Piennolo del Vesuvio et San Marzano dell’Agro Sarnese-Nocerino et son IGP Pachino, l'Italie reste bien le premier producteur de tomates de qualité. Ciao bellissima. ÉTÉ 2024 15H30
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